Ce n’est pas les idées qui manquent

Ce n’est pas les idées qui manquent. 

10 h 42 : Je suis la prochaine à monter dans le Goliath. J’adore le Goliath ; cette fébrilité qui m’envahit à l’idée de vivre des sensations fortes. 

10 h 48 : Encore. Encore. Encore. Mon cerveau me crie de recommencer ; de retrouver ce fameux rush d’adrénaline. 

15 h 16 : J’ai mal au cœur. Ça fait 12 fois que je fais le Goliath aujourd’hui. L’excitation habituelle a cédé sa place au dégoût. Je n’aime plus ça faire le Goliath. Pourtant, l’histoire se répètera à ma prochaine visite l’été prochain.

L’entrepreneuriat c’est le Goliath de ma vie. Ce sentiment de pouvoir créer un projet pour contribuer à quelque chose de plus grand que soi. Ce véhicule qui alimente constamment mon esprit créatif en ébullition. 

Ce n’est pas les idées qui manquent. 

Chaque opportunité que j’entrevois devient cette montagne russe où motivation, optimisme et enthousiasme se rassemblent avant que doute, essoufflement et déni ne m’envahissent.

À toujours chercher les sensations fortes de la phase d’idéation, je suis incapable de me commettre. Je n’arrive pas à garder le phare même si, profondément, j’ai la conviction que l’entrepreneuriat demeure la meilleure façon de générer l’impact social et environnemental auquel j’aspire. 

À ne pas m’investir à 100%, j’alimente cette déconnexion envers moi-même. Je fais ce que je sens que je dois faire plutôt que ce que je sais que je dois faire (1). J’autorise la peur à faire taire mon intuition. Je me prouve encore et encore que je ne peux pas me faire confiance (2).

Eli, comment penses-tu pouvoir mobiliser qui que ce soit dans ton projet si tu ne parviens même pas à avoir la rigueur nécessaire ?

Difficile ? Assurément.

Vrai ? Certainement.

Merveilleux. C’est simple ; je n’ai qu’à me prouver que je peux me fier à moi-même avant toute chose. Il me reste juste à trouver la manière d’y arriver.

Je vais prendre rendez-vous avec une professionnelle à chaque deux semaines pour me rendre imputable avec des suivis d’avancement.

Je vais trouver quelqu’un avec qui m’associer pour se motiver ensemble.

Je vais travailler dans un emploi pour développer mes compétences.

Je vais suivre une formation sur le leadership, le développement des affaires et le marketing et sur x, et sur y.

Je vais lire tous les livres de développement personnel inimaginables.

Je vais voyager en solo.

Je vais m’impliquer sur des conseils d’administration.

Je pourrais aussi poursuivre mes études en développement durable. 

Je pourrais aussi partir faire une mission commerciale dans les pays scandinaves. 

Je pourrais aussi lire davantage sur la stratégie, le management, la gouvernance et les modèles d’affaires et ça et ça aussi.

Bref, il y a bien des choses que j’ai faites et encore plus que je pourrais faire, apprendre et développer.

Ce n’est pas les idées qui manquent. 

Ce qui manque c'est la discipline. 

La disci-QUOI?!

Aucune chance. Aucune chance que je brime ma spontanéité et ma créativité aux dépens d’une pratique rigide et routinière. 

Je ne pouvais pas être plus à l’antipode que ça. L’épisode « La discipline : Établir un système qui soutient ses objectifs » du balado L’état du jeu du mouvement HappyFitness a littéralement révolutionné ma perspective.

Chloé et Marie-Philippe ont dit les mots justes. Les mots qui ont donné un sens à cette bête noire.

« [le rôle de la discipline est] d’établir un système qui nous permet de poser une action vers ce que l’on veut profondément, peu importe comment l’on se sent tous les jours en sachant que l’action choisie en amont nous fait du bien ».

J’ai compris que la discipline est le moyen d’être flexible, d’avoir la rigueur nécessaire à développer un projet et de rester connectée avec mes ambitions. 

Que ce n’est pas une question de performance. 

Que ça peut même être fun. 

Que j’ai le plein contrôle de définir comment se représente la discipline dans mon quotidien. 

Qu’en fait, je peux, même je dois, personnaliser mon système.

Que ça n’a pas besoin d’être routinier.

Au fond, la discipline c’est de décider d’aller à la Ronde 12 fois par année plutôt que de faire 12 fois le Goliath dans une même journée.

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Références : 

(1) Balado L’état du Jeu – Le mouvement HappyFitness, Épisode « La discipline : Établir un système qui soutient ses objectifs », 6 octobre 2022

(2) Brené Brown – SuperSoul Sessions, « The Anatomy of Trust », 1er novembre 2015

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Illustration : Florence Rivest